dimanche 29 mai 2016

La fille de papier, Guillaume Musso

La fille de papier,
                                            Guillaume Musso


  XO Edition
  608 pages


  « Tom Boyd, un écrivain célèbre en panne d’inspiration, voit surgir dans sa vie l’héroïne de ses romans. Elle est jolie, elle est désespérée, elle va mourir s’il s’arrête d’écrire. Impossible ? Et pourtant !
     Ensemble, Tom et Billie vont vivre une aventure extraordinaire où la réalité et la fiction s’entremêlent et se bousculent dans un jeu séduisant et mortel. »

            



      ○ Et un nouveau Musso, un ! Si je ne me trompe pas, c’est le cinquième. J’aime beaucoup cet auteur pour les récits addictifs qu’il nous sert, mais cette fois-ci, je dois avouer que mon amour pour lui s’est un peu essoufflé… Et quel dommage, car j’ai vraiment adoré ses livres que j’ai pu lire, mais je ressors de cette lecture avec un avis assez mitigé.

      Commençons par le début. Tom Boyd est un écrivain à succès qui est en dépression depuis que son âme sœur lui a brisé le cœur en le quittant. Il n’écrit plus,  s’assomme à coups de médicaments et ne voit plus personne. Or un beau soir d’orage apparaît dans sa vie Billie… qui n’est autre qu’un des personnages de son roman ! Tour à tour médusé, méfiant puis sceptique, Tom va de voir se rendre à l’évidence : Billie provient bel et bien du monde qu’il a créé, et il faut trouver un moyen pour qu’elle y retourne !
         S’il y a bien quelque chose que l’on ne peut pas reprocher à ce livre, c’est l’originalité. Enfin, de l’idée de départ. Car si le scénario était intéressant, je commence à me rendre compte que les histoires de Musso ont toutes la même trame : un homme, une femme, une aventure, une histoire d’amour dramatique et des personnages torturés au possible. Bon. En soi, ce n’est pas ce qui m’a le plus dérangée, mais je pense que, au bout d’un certain nombre de livres, on s’en lasse un peu.
        Toutefois, l’action est toujours au rendez-vous. La fille de papier, est un roman addictif, j’ai tourné les pages sans m’en rendre compte avalant chapitre sur chapitre avec avidité (même si ces derniers n’avaient pas trop de saveur). On a toujours envie de savoir la suite, et ça c’est un bon point ! L’auteur nous emmène sur un road trip haletant et nous fait voyager à travers le monde entier dans un rythme effréné.

     J’ai beaucoup aimé l’idée qu’il se fait d’un livre, ses réflexions sur la relation entre l’auteur et le lecteur…Guillaume  Musso nous offre ses pensées sur son rapport à l’écriture, il nous explique la magie des mots, le pouvoir d’un livre, on sent qu’il s’exprime par le biais de son personnage, auteur tout comme lui. Ses réflexions sont justes, belles et vraies, et j’adhère totalement à ses propos. J’ai aimé sa façon de nous dire que, oui, un livre vit, grâce à son auteur, mais aussi et surtout grâce à ses lecteurs. C’est une entité à part entière.
      Comme d’habitude, Musso sait nous surprendre, avec une fin aussi géniale qu’inattendue. Je ne sais pas où est-ce qu’il va chercher ses idées, mais en tout cas j’aimerais bien qu’il me donne sa recette, parce que ça envoie du tonnerre ! Je n’y avais pas pensé une seule seconde, et voilà qu’il nous envoie ça dans la figure. C’est épatant.

       Ceci étant, il y a quelque chose qui m’a gênée dans ma lecture. En fait, je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages. Pour moi, l’auteur a trop joué la carte des personnages au passé sombre, qui ont tout vu, tout subi, bref, la fille/le gars torturé psychologiquement, avec ses secrets bien noirs, etc… Une fois ça va, deux fois ça passe, mais là… Stop ! Ça en devient redondant et pas du tout innovateur. J’ai l’impression de lire cinq fois la même histoire.
      Etant donné que ça m’a agacée, je pense que ça explique pourquoi je n’ai rien ressenti pendant ma lecture. J’ai trouvé la relation entre Tom et Billie superficielle et pas vraiment travaillée : un jour il la déteste, et paf ! D’un coup, il lui voue un culte, il ne peut pas vivre sans elle. Bref, ça allait trop vite, c’était trop brusque, et je n’ai pas compris le pourquoi du comment.
      Billie est attachante, fraîche et pétillante, bavarde et joyeuse, avec un fort caractère et des réparties cinglantes. Disons qu’elle a un peu sauvé le roman. Heureusement qu’elle était là pour prendre les choses en main, parce que Tom… J’avais carrément envie de le gifler, au début du roman ! Ou du moins, de le secouer et de lui crier de se bouger un peu. Il était mou, englué dans sa dépression et complètement amorphe à un point que c’en devenait agaçant. Bref, le duo principal ne m’a pas trop convaincue.
     J’ai presque davantage apprécié les personnages secondaires, qui méritaient d’être mis plus en avant. Milo et Carole étaient touchants, mais à nouveau on a droit à des personnages à l’enfance difficile, etc. En tout cas j’ai aimé leur dévouement et leur amitié envers Tom, qui ferait mieux de les remercier plutôt que de pleurer sur sa bien-aimée disparue et égoïste.

      Enfin, il y a autre chose qui m’a dérangée dans l’écriture de ce roman, c’est la grossièreté des personnages et le langage familier. A petites doses, va encore, mais là j’ai trouvé qu’il y avait trop de jurons. Bon, je vous vois venir, « oh là là, mais elle se plaint de tout et de rien cette fille », c’est vrai que ce n’est pas grand-chose, mais ça m’a vraiment dérangée. J’ai aussi trouvé certaines phrases maladroites. L’auteur utilisait des mots familiers avant de passer brusquement au langage soutenu. Je n’ai pas compris si c’était voulu ou non (j’espère que oui), mais en tout cas c’était bizarre.
      Il y a un dernier point qui m’a un peu agacée, mais je ne sais pas comment l’exprimer. Prenons un exemple. Là où un autre auteur aurait dit « il boit un café », Musso dit « il boit un macchiato ». Et ce plusieurs fois. Il utilise aussi des termes anglais, ou bien qui relèvent plutôt du langage parlé, des mots qui se veulent sophistiqués. C’est comme si le récit était trop ancré dans la réalité et qu’il ne laissait pas de place à l’imagination. Laissez-moi imaginer quel type de café il boit, bon sang !

      Pour conclure, La fille de papier est un bon livre, mais pas le Musso du siècle, et sûrement pas le livre du siècle. Je l’ai nettement moins apprécié par rapport aux autres que j’ai pu lire. Du coup, j’ai un peu peur du dernier Musso de ma PAL qui m’attend sagement…


La fille de Papier, c’est : de l’action, de l’addiction, une intrigue bien ficelée et une fin surprenante, mais des personnages un peu vus et revus et un petit manque d’émotions.

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